"Je connais Henri Baviera et le "fréquente" depuis vingt-deux ans. Alors que je visitais une exposition de ses oeuvres j'ai ressenti l'élan d'écrire, là, dans la salle et face aux toiles. Il s'agissait d'une forme de bouleversement imprévu, d’un événement. Il s’agissait d’une rencontre c’est-à-dire l’expérience d’un saisissement, d’un ravissement que l’imaginaire du peintre organisé sur la toile exerçait sur moi. Ont suivi des discussions, des partages, une histoire d’amitié. C’est de cette histoire non racontée qu’est chargé le texte, de cette évolution duelle que représente la pratique de deux disciplines artistiques complémentaires, l’écriture et la peinture, afin d’accéder à la poéture et la peinsie. S’est mise en place dans le texte comme dans la vie une forme de dialectique qui crée son courant d’images et de réflexions sur l’activité créatrice, et sur le possible voie d’un compagnonnage telle que René Char la reconnaissait sous le terme d’allié substantiel. Quand les conditions sont réunies, il est temps pour chacun et pour les deux artistes d’aller ensemble dans le livre "
Béatrice MACHET
*
L’expression de la langue
cette immortelle
est-ce phrase est-ce assez articulé
est-ce le juste achèvement humain qui suspend
le temps et la bonne heure
ne peut pas tout dire et ne pas oublier le tout
comme un secret
à toi confié
à toi de lire
*
Tendre et tenu
le fil
de mon silence au tien
la traversée
une attente
il est temps
il est l’heure d’ouvrir à ce qui va
méandre neuf de la connivence
comme un premier jour
chaque rencontre
creuse son lit
Béatrice MACHET / Henri BAVIERA, Duo de gens-pierres,
ARTE LIBRIS éditions PEYCERVIER,2014,p.7,12-15